"TOUT A ETE FAIT POUR METTRE SEGOLENE ROYAL DEHORS" (Le Figaro)

Le Figaro.fr, 6 décembre 2008

"Le bras droit de l'ex-candidate à l'Elysée, Vincent Peillon, regrette que la nouvelle direction du PS ait pris un «faux départ» samedi lors du conseil national. La guerre de tranchées continue.

Martine Aubry devra résoudre une équation quasi impossible. «Réunifier» un PS plus que jamais coupé en deux. Deux camps de force équivalente qui semblent irréconciliables. Dernier exemple en date ce samedi, à l'issue du conseil national Parti socialistequi a validé la ligne politique et la nouvelle équipe de la maire de Lille. Vincent Peillon, principal lieutenant de Ségolène Royal, tire immédiatement à boulets rouges contre les méthodes du clan Aubry.

«Tout ça a été fait pour mettre Ségolène Royal dehors», tranche-t-il. «Nous sommes au coeur du parti. Nous continuerons de porter le rassemblement et la rénovation et on ne peut participer à cette mascarade. Espérons qu'il y aura un nouveau départ». Peillon parle même de «faux départ», comme «en athlétisme», et exige un changement d'attitude de la direction.

«Le parti n'est pas en ordre de marche»

Il n'hésite ensuite pas à répliquer directement à Martine Aubry, qui avait tendu la main aux royalistes en leur disant «la porte est toujours ouverte». Pour lui, c'est clair : «la porte est toujours fermée». «Le parti ce matin n'est pas en ordre de marche et j'ai regardé la direction telle quelle est composée. Cela ne permet pas de rassembler les socialistes, de s'opposer comme nous le devons à Nicolas Sarkozy».

Vincent Peillon et ses amis remettent d'ailleurs toujours en cause la légitimité de la nouvelle direction, chiffres à l'appui : «aujourd'hui, un Conseil national de plus de 300 membres a approuvé cette ligne à moins de 150 membres. Cela s'appelle une minorité !», tacle-t-il devant les journalistes. «Une semaine après le Congrès, il n'y a pas de majorité pour voter cette orientation politique.»

Il invite chacun à bien regader les annales : «ça n'est jamais arrivé. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour aider, mais en même temps nous ne pouvons être l'otage de quelque chose qui dénaturerait le vote des militants et l'attente des Français». La guerre interne pourrait bien durer tout le mandat de Martine Aubry, jusqu'en 2011. Trois ans interminables pour un PS qui rêve de prendre sa revanche sur Nicolas Sarkozy en 2012. Selon un sondage Ifop pour Sud Ouest Dimanche, l'affaire semble d'ores et déjà très mal engagée : 71% des Français jugent en effet que le Parti socialiste n'a pas de projet pour la France, et seuls 34% estiment qu'il a des dirigeants de qualité."

L'article originel